Sommaire de décision réglementaire portant sur Hydromorphone HP 10, Hydromorphone HP 20, Hydromorphone HP 50, Hydromorphone HP Forte

Décisions d'examen

Le sommaire de décision réglementaire explique la décision de Santé Canada face au produit pour lequel une autorisation de mise en marché est demandée. Le sommaire de décision réglementaire comporte le but de la présentation et le motif de la décision.


Type de produit:

Médicament

Ingrédient(s) médicinal(aux):

hydromorphone HCl

Classe thérapeutique :

Analgésiques

Type de présentation :

Supplément prioritaire à une présentation de drogue nouvelle

Numéro de contrôle :

223245
Quel était l'objet de la présentation?

Sandoz Canada inc. a présenté un supplément à une présentation de drogue nouvelle (SPDN) relativement à Hydromorphone HP 10, à Hydromorphone HP 20, à Hydromorphone HP 50 et à Hydromorphone HP Forte (chlorhydrate dhydromorphone), afin dajouter une nouvelle indication pour le traitement supervisé par agonistes opioïdes injectables (TsAOI) chez les adultes ayant un problème lié à la consommation dopioïdes. Le SPDN a fait lobjet dune évaluation accélérée en vertu de la Politique sur lévaluation prioritaire des présentations de drogues et a été examiné conformément à la ligne directrice « Présentations de drogue fondées sur les données de tierces parties (Source documentaire et expérience de commercialisation) » de Santé Canada.

Pourquoi la décision a-t-elle été rendue?

Dans le présent supplément à une présentation de drogue nouvelle (SPDN), les données sur linnocuité et lefficacité de lhydromorphone pour le traitement supervisé par agonistes opioïdes injectables (TsAIO) chez les personnes qui consomment des opioïdes injectables et présentent un trouble, à la fois sévère et réfractaire aux traitements, lié à lutilisation dopioïdes sont basées sur deux essais cliniques de phase III, les études NAOMI et SALOME. Le SPDN comprenait les rapports publiés de ces deux études, ainsi que deux revues systématiques de la littérature et des études cliniques correspondantes. Celles-ci ont fourni des éléments de preuve supplémentaires sur lefficacité de la diacétylmorphine, lagent de comparaison de lhydromorphone dans létude SALOME. La présentation a été examinée conformément à la ligne directrice « Présentations de drogue fondées sur les données de tierces parties (Source documentaire et expérience de commercialisation) » de Santé Canada.

Létude NAOMI, menée à Vancouver et à Montréal, visait à déterminer si linjection supervisée de diacétylmorphine (DAM) donnait de meilleurs résultats que la méthadone par voie orale chez les patients consommant des opioïdes injectables ayant une dépendance sévère aux opioïdes (DSM-IV) et nayant pas répondu à un traitement antérieur par agonistes opioïdes (TAO) par voie orale. Les participants aux études NAOMI et SALOME présentaient une dépendance aux opioïdes sévère et réfractaire aux traitements. Les patients étaient majoritairement des hommes (de 61 à 69 % en moyenne) dun âge moyen entre 40 à 44,3 ans, qui consommaient des drogues injectables depuis 15,4 à 16,5 ans en moyenne et qui consommaient de lhéroïne de 25 à 27 jours en moyenne par mois. Dans létude NAOMI, les patients avaient reçu sans succès une moyenne de 11 traitements de la toxicomanie, y compris 3,2 traitements dentretien à la méthadone. Dans létude SALOME, les patients avaient reçu sans succès une moyenne de 2,8 traitements dentretien à la méthadone au cours des 5 années précédant linscription à létude.

Les paramètres primaires defficacité de létude NAOMI à 12 mois étaient le taux de maintien au traitement des dépendances ou labsence de consommation, et une réduction de la consommation de drogues illicites ou dactivités illégales. Lessai ouvert NAOMI comparant la méthadone à la DAM comprenait également une sous-étude dans laquelle des patients recevaient de lhydromorphone injectable. Ces patients, ainsi que ceux recevant de la DAM, ont été traités à double insu.

Dans lensemble, 111 patients ont reçu de la méthadone, 115 ont reçu de la DAM injectable et 25 ont reçu de lhydromorphone injectable. Les patients recevant des médicaments injectables pouvaient recevoir un traitement complémentaire de méthadone au besoin. Douze mois après le début de létude, des réductions statistiquement significatives du taux de consommation de drogues illicites ou dautres activités illégales, ainsi quune amélioration du taux de rétention au traitement de la toxicomanie ont été observées dans le groupe recevant de la DAM comparativement au groupe recevant de la méthadone.

En plus de démontrer une plus grande efficacité de la diacétylmorphine comparativement à la méthadone, létude NAOMI a révélé que les sujets étaient incapables de distinguer lhydromorphone de la diacétylmorphine. Les résultats pour les patients étaient également comparables entre les deux médicaments, et aucun des 46 échantillons durine des 23 patients prenant de lhydromorphone ne sest révélé positif à la 6-monoacétylmorphine ou à la morphine. Cependant, létude navait pas la puissance statistique nécessaire pour établir officiellement la non-infériorité de lhydromorphone comparativement à la DAM.

Létude SALOME a examiné plus en profondeur lefficacité de lhydromorphone pour le TsAIO afin de déterminer la non-infériorité de lhydromorphone injectable par rapport à la DAM injectable en ce qui concerne la réduction de la consommation illicite dhéroïne chez les consommateurs chroniques dopioïdes par injection. Cet essai de non-infériorité à double insu a été mené à Vancouver par le groupe de chercheurs de létude NAOMI. Les paramètres primaires defficacité de létude SALOME, évalués à 6 mois, étaient le nombre de jours où les patients déclaraient avoir consommé de lhéroïne de rue au cours des 30 derniers jours, le nombre de jours de consommation dopioïdes acquis dans la rue au cours des derniers 30 jours et la proportion danalyses durine positives aux marqueurs dhéroïne de rue à 6 mois.

Au total, 100 patients ont reçu de lhydromorphone injectable et 102 patients ont reçu de la diacétylmorphine injectable. Les patients sadministraient les médicaments par injection intraveineuse ou intramusculaire sous supervision jusquà trois fois par jour. Les sujets étaient autorisés à prendre de la méthadone orale en complément au médicament à létude.Environ 78 % des sujets ont reçu un complément de méthadone au moins une fois au cours de létude. À la suite de lajustement posologique, la dose quotidienne moyenne administrée était de 261,2 mg pour le groupe de patients traités par lhydromorphone, comparativement à 506,4 mg pour le groupe de patients traités par la DAM.

En ce qui concerne la différence relative au nombre de jours ajusté de consommation dopioïdes de rue déclarés par les patients au cours du mois précédent, lhydromorphone sest révélée non inférieure à la DAM dans les analyses selon lintention de traiter et selon le respect du protocole.

Lhydromorphone sest également avérée non inférieure à la DAM en regardde la proportion des analyses durine positives aux marqueurs dhéroïne de rue à 6 mois, dans les deux types danalyse.

En ce qui concerne la différence relative au nombre de jours ajusté de consommation dhéroïne de rue déclarés par le patient au cours du mois précédent, lhydromorphone sest révélée non inférieure à la DAM dans lanalyse selon le protocole. Dans lanalyse selon lintention de traiter, la marge de non-infériorité prédéfinie (4 jours) était inclue dans lintervalle de confiance (IC) à 90 % (4,14 jours). Selon Santé Canada, le choix dune marge de non-infériorité de 4 jours était fondé sur un consensus de chercheurs utilisant la DAM dans leur province ou territoire. La DAM nétant pas autorisée à la vente au Canada et considérant le problème actuel defatalités liées aux opioïdes de rue, les résultats de cette étude, y compris lanalyse selon lintention de traiter du paramètre dévaluation lié à lhéroïne de rue, ont été jugés comme des évidences suffisantes de lefficacité de lhydromorphone pour le TAO.

En ce qui concerne linnocuité, dans létude SALOME, 29 effets indésirables graves possiblement liés au médicament injecté ont été observés, dont 5 dans le groupe traité par lhydromorphone et 24 dans le groupe traité par la DAM. Les convulsions et les surdoses ont représenté 25 de ces 29 effets indésirables graves. Les 11 épisodes de convulsions sont tous survenus chez des patients prenant de la diacétylmorphine, et 11 surdoses ont été signalées chez des patients traités par la DAM, comparativement à 3 chez des patients traités par lhydromorphone.

Le profil dinnocuité de lhydromorphone injectable a été jugé acceptable dans les conditions dutilisation proposées, dans le contexte dune condition potentiellement mortelle pour laquelle dautres traitements se sont révélés infructueux. Les risques liés à lhydromorphone injectable, dont la surdose et la dépression respiratoire grave, ont été jugés adéquatement minimisés par une surveillance étroite exercée par des professionnels de la santé dûment formés, et sont moindres que les risques considérables liés à linjection non supervisée de drogues illicites.

Les données sur linnocuité de lutilisation continue et non conforme à létiquetage dhydromorphone injectable comme TsAIO sont limitées au Canada. Elles proviennent notamment dune étude observationnelle de cohorte et de la pharmacovigilance. Aucun nouveau signal relatif à linnocuité na été décelé à ce jour.

À la lumière de ce qui précède, lévaluation des avantages, des risques et des incertitudes associés à Hydromorphone HP 10, Hydromorphone HP 20, Hydromorphone HP 50 et Hydromorphone HP Forte est jugée favorable pour le traitement supervisé par des agonistes opioïdes injectables chez les patients adultes ayant un grave problème lié à la consommation dopioïdes, qui consomment des opioïdes injectables et pour lesquels un traitement antérieur par agonistes opioïdes sest avéré infructueux.

Décision rendue

Autorisé; un avis de conformité a été délivré conformément au Règlement sur les aliments et drogues.